Sylvano Bussotti – Regie 1980-90

Sylvano Bussotti Regie 1980-90

Ma carrière de photographe a été très courte, je n’ai jamais été satisfait des résultats, je n’ai sans doute pas assez travaillé. Je dois beaucoup à Alain Daniélou, avec qui j’ai longtemps vécu, mais aussi au peintre Mac Avoy qui fut un excellent professeur, au chorégraphe Maurice Béjart qui m’a permis de photographier ses spectacles tant au niveau de la mise en scène que de la production, au photographe Angelo Frontoni qui m’a encouragé dans mes premiers pas, et enfin à Sylvano Bussotti qui, par sa gentillesse et sa persévérance, a soutenu mon travail, lui-même modèle à quelques reprises.

 

J’ai suivi Bussotti pendant plusieurs années pour le photographier ainsi que ses performances, notamment :

Représentation de l’âme et du corps, Teatro dei Rinnovati, Sienne 1980

Simone Boccanegra, Opéra de Rome 1980

Otello, Théâtre Politeama, Palerme 1980

Carmen, Teatro Civico di Susa 1980

Turandot, Torre del Lago Puccini 1982 et Terme di Caracalla 1985

Tosca, Arènes de Vérone 1984

Ulisse, Teatro Regio Turin 1985

La Gioconda, Théâtre municipal de Florence 1986

Aida, Rome Terme di Caracalla 1987

L’Ispirazione, Théâtre municipal de Florence 1989

La Racine, Rome, Villa Médicis 1985

Fedra, Opéra de Rome 1989

 

J’ai passé une semaine à Palerme, au théâtre Politeama, pour observer l’énorme travail de montage d’un opéra, l’extraordinaire coordination entre le chef d’orchestre, les premiers rôles, les chœurs, les figurants et les machinistes. Ce travail a été un véritable tour de force qui m’a permis de mieux comprendre et apprécier le travail auquel j’assistais.

J’ai pénétré dans les coulisses, dans les ateliers de couture et de scénographie ; j’ai surtout admiré la patience dont le Maestro Bussotti a fait preuve pour la mise en scène de ces « monuments ».

Les voix en coulisses m’ont beaucoup intéressée. Dans le deuxième acte de Tosca, Sylvano a pensé que c’était une bonne idée de placer une grande cage avec des vautours dans la salle à manger du Palazzo Farnese, car cela correspondait parfaitement à l’âme sombre du personnage de Scarpia.

Malheureusement, les vautours, effrayés par la musique à laquelle ils n’étaient certainement pas habitués, sont devenus si immobiles qu’il était plus logique de les remplacer par des animaux en peluche !

A Torre del Lago, après les énormes efforts déployés pour mettre en scène une Turandot grandiose, une seule chose n’était pas encore prête : une partie des stalles. Le service de sécurité a même menacé de ne pas laisser entrer le public.

Sylvano, comme tout metteur en scène, avait des assistants, mais c’était à lui de résoudre tous les problèmes et de prendre toutes les décisions.

Beaucoup des photos que nous avons trouvées ne sont pas bonnes, mais nous ne faisons pas cet album pour critiquer le photographe.

Cet album a été réalisé en hommage au Maestro et pour admirer les décors et les costumes qu’il a créés pour ses spectacles : les tapis pour Othello, le plafond pour La Gioconda, les soucoupes volantes pour L’Inspiration, l’énorme cadre d’or pour Phèdre, la scène et les costumes de la Représentation du corps et de l’âme, les immenses et splendides décors d’Aïda aux Thermes de Caracalla et de Tosca aux Arènes de Vérone.

Un artiste complet, compositeur, peintre, décorateur, designer, poète, metteur en scène. Lié à la Renaissance et au Baroque, Bussotti s’accommode mal des apparentes austérités du XXIe siècle.

Cher Maestro, mille fois merci pour toutes les émotions que vous nous avez données.

Bon anniversaire, cher Sylvano, pour tes quatre fois vingt ans et many returns…

Jacques Cloarec
Le Labyrinthe
1er octobre 2011