Ballet Chaka en devenir

Ballet Chaka en devenir

Le Ballet Chaka Maurice Béjart – Gianni Versace – Eric Vu-An

Photo Jacques E. Cloarec

Chaka,chorégraphie : Maurice Béjart
Musique : populaire du Brésil et de la Côte d’Ivoire, poèmes de Léopold Sédar Senghor
Costumes : Gianni Versace
Grand Palais des Champs-Élysées, Paris, 22 mai 1989
Béjart Ballet Lausanne, soliste : Eric Vu-An

Maurice Béjart, rencontré par l’intermédiaire d’Alain Daniélou dont j’ai été le collaborateur pendant 32 ans, est venu passer une convalescence, après une opération, chez Alain Daniélou dans sa propriété près de Rome (1984). C’est à l’occasion de cette visite que Maurice Béjart a pris intérêt à mes débuts de « jeune » photographe tout en se moquant gentiment des photographes de danse qui veulent fixer ce qui n’est que mouvement.

Quoiqu’il en soit il me propose très généreusement de le photographier où et quand je voulais, au cours des spectacles, des répétitions, et dans sa vie privée. C’est ainsi que j’ai photographié presque toutes ses créations des années 80. J’avais une petite formation de photographe ayant pendant plus de vingt ans photographié des musiciens asiatiques pour les illustrations de la collection Unesco de musique traditionnelle crée et dirigée par Alain Daniélou, moi-même en assumant la réalisation technique. Mais s’attaquer à la photo de danse est une gageure et mes efforts n’ont pas souvent atteint une qualité suffisante, j’en suis le premier conscient.

Cependant mon idée, que j’ai poursuivie aussi auprès du compositeur italien Sylvano Bussotti pour ses opéras et les opéras classiques qu’il montait, consistait à chaque création, à suivre la compagnie pendant la formation de l’oeuvre c’est-à-dire pendant les jours qui précédaient la première, assistant aux répétitions comme à la réalisation des costumes et des décors.

Ainsi les photos présentées dans cet album sont celles d’un ballet en création, “en devenir”, documentation inédite qui est celle de la collaboration des trois artistes pour le Ballet Chaka donné en 1989 au Grand Palais de Paris : au dernier moment Béjart décida de ne pas employer ces costumes de Giovanni Versace photographiés à l’une des dernières répétitions et les remplaça par des queues de pie portées par les danseurs aux torses nus.

Eric Vu An m’a confié qu’il craignait à chaque répétition ne pouvoir obliger son corps à la chorégraphie que Béjart lui enseigna qu’il considérait l’une des plus difficiles qu’il eut eues à interpréter.

Jacques E. Cloarec, Lausanne Mai 2016